NAÎTRE EN CHINE, EN ANGLETERRE OU AILLEURS

 

 

ASINCOPROB de Montpellier - 19.02.1998

 

 

I VOYAGE EN CHINE, A PÉKIN - Gisèle CRIBALLET

La Chine est un pays difficile d'accès pour les étrangers : il est difficile de communiquer avec les chinois, qui ne montrent pas leurs émotions. De plus, les circuits pour les étrangers sont étroitement balisés ; les touristes vont dans les hôtels pour touristes, les résidents étrangers sont parqués dans des résidences clôturées et gardées dont les loyers exorbitants sont payés par leur entreprise. On ne peut pas aller librement partout : il faut des autorisations pour tout. Il est difficile de trouver un interlocuteur qui accepte de donner des informations.

Les relations avec les étrangers sont surtout des relations commerciales : la Chine est une source de marchés énormes et convoités, gagnés à force de pots de vin ... Les chinois qui ne sont pas fonctionnaires font tous du commerce. On voit partout dans les rues de Pékin des hommes en vélo qui font des affaires avec leur portable !

 

La chance de Gisèle a été d'aller à Pékin avec une amie parlant chinois, ayant vécu à Pékin, et d'avoir des contacts sur place. Elle y a rencontré une femme française hospitalisée pour un diagnostic de placenta praevia avec métrorragies, qui ne parvenait pas à obtenir d'être rapatriée en France. Ce fut l'occasion d'entrer dans les hôpitaux de Pékin et de discuter avec des médecins du cas de cette femme et aussi des pratiques obstétricales en général.

 

A Pékin, il y a trois hôpitaux, pas de clinique privée, et des dispensaires de quartier, où sont pratiqués aussi des accouchements.

 

La femme française était hospitalisée à l'Hôpital Sino-Japonais, où il y a deux services bien distincts : un service pour chinois , très sale, mal chauffé, mal entretenu, avec des fuites d'eau ... et un service pour étrangers, très propre, où les patients payent très cher. Cette maternité est très mal équipée, avec peu de matériel, un appareil à échographie sommaire, pas de monitoring, pas de banque de sang, etc...

 

Avec l'aide de Gisèle, cette femme française a été transférée (dans des conditions limites !) à l'hôpital de la capitale, où elles ont été accueillies par une femme chef de service compétente, dans des locaux vieux mais bien équipés. Gisèle a pu visiter la salle d'accouchement du service pour chinoises, où la pudeur physique n'existe pas : femmes « les jambes en l'air » dans des salles sans portes, installées comme en France il y a une dizaine d'années.

 

Cette femme médecin a accepté de parler de l'obstétrique à Pékin (mais n'a pas voulu donner de chiffres indicateurs en périnatalité) : en cas d'accouchement normal, il y a abstention de tout acte médical, mais sur Pékin il y a actuellement 36% de césariennes pratiquées au moindre problème, ce qui s'explique en partie par le fait que les chinoises ne sont autorisées à avoir qu'un seul enfant.

 

Les césariennes sont souvent faites sous péridurale, mais jamais les accouchements ; on ne déclenche que pour terme dépassé. L'acupunture n'est pas pratiquée à l'hôpital, c'est même mal vu et interdit dans les structures de l'état, où l'on ne pratique pas les médecines traditionnelles mais seulement la médecine « moderne », à l'occidentale.

 

Gisèle a rencontré un médecin traditionnel chinois.

Leur pratique consiste :

Å en des conseils hygiéno-diététiques :

- la nourriture est extrêmement importante

- la pratique du tai-chi et de la gymnastique chinoise

Ç en la prescription de médicaments traditionnels (éléments naturels végétaux, animaux, etc...)

É en massages énergétiques chinois (toujours pratiqués à travers un tissu, jamais à même la peau).

Ñ en dernier lieu, à la pratique de l'acupuncture, d'indications très limitées, et d'action réputée plus lente ...

 

 

A Pékin, la médecine traditionnelle est de moins en moins utilisée, la mode est aux gadgets médicaux électroniques ... Les formations en acupuncture sont surtout adressées aux étrangers !

A la campagne, par contre, la médecine traditionnelle est encore pratiquée par les anciens (massages, diététique, ...).

 

D'après la médecine traditionnelle, la femme enceinte ne doit pas être exposée à des émotions violentes, elle ne doit pas trop dormir, sauf au début, on lui prescrit des médicaments qui agissent sur la circulation ... Après l'accouchement, elle doit jeûner trois jours en ne prenant que du bouillon de poule, puis se réalimenter progressivement, pour rééquilibrer ses énergies ... La vision du corps de la femme et de la formation de l'embryon est basée sur des données empiriques et ne tient pas du tout compte des découvertes scientifiques modernes.

 

 

En Chine, la consigne « un seul enfant par femme » est très sévèrement appliquée :

la contraception est obligatoire. Une consultation obligatoire est pratiquée tous les six mois au planning. Si une femme est trouvée enceinte sans autorisation, elle est systématiquement avortée. Il existe une véritable programmation des grossesses, en fonction du travail de la femme, etc...

 

La femme enceinte est d'autant plus protégée, dorlotée, infantilisée L'enfant est roi. Une poussette dans la rue attire les passants, hommes et femmes. Les gens sont véritablement en manque de bébés ! ...

 

 

II L'OBSTÉTRIQUE EN ANGLETERRE OU EN FRANCE - Quelles DIFFÉRENCES ? Julie Scarborough - Sage-femme anglaise

En Angleterre, le diagnostic de grossesse est fait par le médecin généraliste, qui fait faire un test de grossesse urinaire. Puis, le suivi de la grossesse est assuré par l'hôpital, soit par une sage-femme, soit par un médecin, ou en dehors de l'hôpital par une sage-femme de « communauté » (community midwife). La consultation de grossesse ne comporte pas de toucher vaginal, d'ailleurs les sages-femmes ne doivent pratiquer l'examen vaginal que si la femme a dépassé 36 SA, ou si elle est en travail ou si la poche des eaux est ouverte. Sinon, seul le gynécologue y est autorisé.

La préparation à la naissance est assurée essentiellement par les sages-femmes ou par les « Health Visitors ». Les cours ont lieu le soir, les pères sont encouragés à venir ; il est aussi prévu un cours pour les pères seuls.

 

La sage-femme anglaise ne prescrit pas de médicaments (sauf analgésiques légers, laxatifs), ne pose pas de perfusion. Seul le médecin prescrit.

Elle travaille soit à l'hôpital, soit en cabinet médical (community midwife), soit plus rarement en sage-femme indépendante.

 

Quand une femme est hospitalisée pendant sa grossesse, si c'est avant 36 SA, c'est un médecin qui l'examine. Les médecins hommes sont toujours chaperonnés par une sage-femme.

 

A l'hôpital, les chambres sont généralement de 6 à 10 lits, où les femmes enceintes et les accouchées sont mélangées. Par contre, en salle d'accouchement, la pudeur est soigneusement préservée (rideaux derrière les portes, placards avec accès intérieur et extérieur ...).

Généralement, les accouchées rentrent très tôt à domicile (de quelques heures à deux jours après la naissance si tout va bien), mais l'accouchement à domicile est peu répandu en Angleterre, et pas à la mode.

 

Les sages-femmes suivent le travail et pratiquent les accouchements normaux. S'il y a un problème, elle appellent le médecin qui a suivi la femme, qui prend alors l'accouchement en charge. La sage-femme tient un partogramme, avec un examen toutes les 4 heures, plus si nécessaire. Un monitoring d'une demi-heure est pratiqué à l'entrée de la femme, puis toutes les 4 heures en général. Au moment de l'accouchement, on écoute les bruits du coeur du foetus à la trompette, au sonicaid ou au monitoring, selon les cas. Le monitoring n'est pas médico-légal.

 

A l'hôpital, les gynécologues sont peu nombreux ; en cas de besoin, la sage-femme appelle un interne. Les calmants utilisés sont la péthidine (dolosal) en injection intramusculaire, le protoxyde d'azote mélangé à l'oxygène au masque pendant les contractions, la péridurale (assez rarement, par manque d'anesthésistes), et l'électro-stimulation, efficace jusqu'au moment où la tête arrive sur le périnée (l'appareil est loué par la femme, on le place sur la peau dans la région lombaire).

 

Les positions d'accouchement sont variées, au choix de la femme. Tout est possible : sur le dos, sur le côté, à quatre pattes demi-assise, accroupie, ... La sage-femme s'adapte.

 

Post-partum : si la femme est suivie par une sage-femme « de communauté », celle-ci vient à domicile au début du travail et l'accompagne à l'hôpital, la mère et l'enfant peuvent alors retourner au domicile 4 heures après la naissance.

Sinon, la femme peut quitter l'hôpital de 6 heures à 5 jours après la naissance. Il existe un suivi à domicile obligatoire de la mère et de l'enfant par une sage-femme, une fois par jour, pendant 10 jours, qui peut se prolonger jusqu'à un mois en cas de problème (cicatrice, allaitement,...).

 

 

III RÉCITS d'une SAGE-FEMME qui a voyagé et pratiqué dans différents pays Mabe KLEIN

A YAOUNDE, au CAMEROUN

L'hôpital a un service pour les fonctionnaires et un pour les autres, avec 8 fois plus de femmes ; on va y accoucher pour avoir un acte de naissance. Les consultations sont sommaires : poids, mesure de la tension artérielle, examen de la femme, mais pas de toucher vaginal ... Les salles d'accouchement n'ont pas de matériel.

 

En brousse, les femmes sont suivies au dispensaire.

Voici quelques pratiques traditionnelles : en début de grossesse, la femme doit faire des travaux durs pour garantir la bonne santé du foetus. Une femme qui désire un garçon doit se laver avec le sable de la rivière.

Il existe des conseils et des interdits alimentaires dont certains s'expliquent bien : pas de cochon, pas de poulet, pas d'oeufs, ... Et d'autres moins bien : la femme enceinte doit manger beaucoup de terre ! On pratique beaucoup de lavements pour faire sortir les maladies.

Pour l'accouchement, les femmes boivent des décoctions pour faciliter le travail. Il y a parfois des problèmes de dosage, et beaucoup de femmes présentent des hypertonies utérines pouvant aller jusqu'à la rupture...

 

Au RWANDA

Coutume du « Goukouna » : les femmes pratiquent l'étirement des grandes lèvres dès l'âge de 8 ans.

 

En AFGHANISTAN

Importance de l'alimentation. La femme enceinte est vue comme un four : il faut conserver la chaleur pendant la grossesse pour faciliter la maturation du foetus. Les aliments « chauds » sont par exemple les graisses, les sucres, certains féculents : blé, maïs, ... Les aliments « froids », à éviter pendant la grossesse mais à prendre pour l'accouchement sont les liquides, certains légumes, certains féculents : riz, lentilles, ... Après l'accouchement, la femme doit aussi consommer des aliments chauds pour retrouver son énergie.

 

Au CAMBODGE

L'hôpital récolte tous les accouchement à problèmes (beaucoup de prééclampsies et d'éclampsies). Les accouchements normaux ont lieu à domicile.

 

L'accouchement est considéré comme un rite de passage, qui permet d'accéder au statut de femme ; on dit : « traverser la mer ». Après l'accouchement, on place une chaufferette sous le lit de la femme, pendant 3 jours, car on considère qu'elle est « crue ». On ne donne pas de lait maternel au nouveau-né pendant 3 jours, éventuellement de l'eau ; on attend l'évacuation du méconium, et la montée de lait. La sage-femme est une personne importante, mais elle n'est pas rémunérée, sauf en nature.

 

 

CONCLUSION

Il faut, autant que possible, respecter les traditions, croyances et superstitions locales, lorsqu'on va travailler dans d'autres cultures, sauf évidemment si cela met en jeu la santé de la mère ou de l'enfant.

 

 

 

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